16/06/2016
par Molly Li

Paul Poiret, le Magicien du Sarouel

Paul Poiret, ou plutôt Paul Henry Poiret, est né en 1879 à Paris. Son père, marchand de draps, a été le premier à lui inculquer les bases de la couture et à lui donner envie de créer. Il est un précurseur dans l'univers de la mode féminine. Parce qu'il a "fait ses armes" chez un fabricant d'accessoires et a travaillé comme simple ouvrier dans l'atelier de grands couturiers, il a acquis un professionnalisme reconnu par ses contemporains et par ses pairs. Dessinateur de mode chez Doucet puis chez Worth, il entame une progression qui l'amènera à la création de collections audacieuses, provocantes inspirées de l'Orient et plus précisément du mouvement Orientaliste.

Collection de Sarouels de Paul Poiret

En 1910 né le mouvement orientaliste ou comme on aime à l'appeler alors l'orientalisme. On s'intéresse à la culture et aux traditions ancestrales des populations turques, arabes, africaines, des berbères et Ottomans. On traduit des ouvrages littéraires reconnus. On attend impatiemment les représentations des ballets venus d'ailleurs. Paul Poiret se délecte comme d'autres artistes de l'époque de cette attirance pour le Moyen-Orient et s'en accapare. Au côté de Renoir, de Picasso ou encore de Matisse, il aborde le XXIe siècle avec ouverture d'esprit et esprit d'innovation. Le style Art Déco se profile révélant des personnages hauts en couleur, débordant d'entrain et de créativité.

En tant que Grand Couturier français, Paul Poiret se doit d'imaginer une marque commerciale particulièrement symbolique. Il créé alors un turban agrémenté d'une aigrette, une première ébauche de ce que sera sa collection de 1911. Après un voyage de plusieurs mois à Moscou et pour rendre hommage aux ballets russes à qui il voue une grande admiration, il invente son premier sarouel, un pantalon ethnique coloré aux formes singulières et aux détails attachants. Pour promouvoir sa marque et faire admirer son style, le Roi de la Mode donne de grandes fêtes dans ses quartiers parisiens avec comme thème principal l'Orient. On se rappelle encore la Mille et deuxième nuit vécue par plus de 300 personnages de la haute-société française...

Paul Poiret est toujours perçu aujourd'hui comme un avant-gardiste, comme un homme qui contribua à la liberté des femmes. Il les rendit belles tout simplement en leur donnant les moyens de mettre en valeur leur silhouette. Les corsets disparaissent. Les matières fluides et douces au touché sont à leur apogée. Les créations les plus célèbres du couturier, portées notamment par Sarah Bernhardt et Joséphine Baker, sont décalées, hors du temps car elles sont nées du mélange entre l'orientalisme et les mouvements artistiques du début du XXe siècle. Ce sont d'ailleurs celles que l'on expose dans les musées à travers le monde.

La collection dessinée par Paul Poiret en 1911 marque les débuts du sarouel comme vêtement de mode en Occident. Elle est destinée à représenter la culture perse et ses mystères. Elle a pour objectif principal de souligner la modernité des tenues féminines du nouveau siècle. Les lignes sensuelles, exotiques de ces bas particulièrement voyants séduisent alors les femmes un peu rebelles, cherchant à provoquer et à donner matière aux journalistes friands d'anecdotes croustillantes. Les imprimés clinquants du peintre Raoul Dufy font sensation et les tissus de qualité importés de Vienne sont hautement mis en valeur. Le sarouel est le premier maillon décisif d'une longue chaîne d'innovations dans le monde de la haute-couture du XXe siècle...

On se rappellera donc de Paul Poiret, de ses extravagances, de son génie pour la couture mais aussi de son sens du marketing car il a su vendre par dizaines des vêtements ethniques, des accessoires emblématiques et des produits dérivés tel que le parfum de Rosine, dédié à sa fille...

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